Les jours aveugles...
En pleine rue
il y avait cet homme
qui errait
parmi les portes fenêtres
à toutes heures du jour
ou de la nuit
le long des routes
le désespoir
avait tout emporté
chaque heure le broie
il ne pèse rien
il est ignoble
dans sa misérable
condition de freluquet
il est moins lourd
que la pourriture de l'air
perdu dans le silence
indifféremment
pour lui et les autres
perdu
il descend comme un vertige
à l’ombre de la solitude des chiens
il marche
groggy
parmi les fantômes
figés et sans sexe
son corps
va-t-il pouvoir tenir le coup
son corps va-t-il
lutter encore longtemps
il ne croit plus
pouvoir un jour encore
être ami avec un homme
il a bu tout leur sang
des poitrines farcies de mouches
des aubépines sulfatées
en conglomérat
une torture sans fin
un été sans terme
des nuits innombrables
à sentir
les arabesques d'un cutter
sur sa peau efféminée
si au moins il parvenait
encore un peu à s'aimer
mais c'est trop demander
il demande toujours trop
c'est ce qui le rend
si petit et misérable
toujours le même bruit
de ses pas sur le bitume
pour un itinéraire perdu
qui n'en finit plus
il est parti
bien trop loin d’ici
perdu la musique
les phrasés
trop éloigné de vous
ses écrits sonnent faux
sont devenus tributaires
de sa seconde mémoire
comme un automate
dire poésie
dire bonjour
tout s’est passé hier
mais il n’a rien senti
certainement
va-t-il crever
dans sa propre merde
mais il peut être satisfait
assurément de cet endroit
personne ne viendra
le déloger
tout quand mort
il le sait déjà
le mois d’août se suicide