Les jours aveugles...

Publié par marquedeposee

Les jours aveugles...


En pleine rue
il y avait cet homme
qui errait
parmi les portes fenêtres
à toutes heures du jour
ou de la nuit
le long des routes
le désespoir
avait tout emporté


chaque heure le broie
il ne pèse rien
il est ignoble
dans sa misérable
condition de freluquet
il est moins lourd
que la pourriture de l'air


perdu dans le silence
indifféremment
pour lui et les autres
perdu
il descend comme un vertige
à l’ombre de la solitude des chiens


il marche
groggy
parmi les fantômes
figés et sans sexe


son corps
va-t-il pouvoir tenir le coup
son corps va-t-il
lutter encore longtemps


il ne croit plus
pouvoir un jour encore
être ami avec un homme
il a bu tout leur sang
des poitrines farcies de mouches
des aubépines sulfatées
en conglomérat


une torture sans fin
un été sans terme
des nuits innombrables
à sentir
les arabesques d'un cutter
sur sa peau efféminée


si au moins il parvenait
encore un peu à s'aimer
mais c'est trop demander
il demande toujours trop
c'est ce qui le rend
si petit et misérable


toujours le même bruit
de ses pas sur le bitume
pour un itinéraire perdu
qui n'en finit plus


il est parti
bien trop loin d’ici
perdu la musique
les phrasés


trop éloigné de vous
ses écrits sonnent faux
sont devenus tributaires
de sa seconde mémoire


comme un automate
dire poésie
dire bonjour
tout s’est passé hier
mais il n’a rien senti


certainement
va-t-il crever
dans sa propre merde
mais il peut être satisfait
assurément de cet endroit
personne ne viendra
le déloger


tout quand mort
il le sait déjà
le mois d’août se suicide

de mon ami Alain Minighetti & Poussière 2014 extrait « Silndya au champ d 'honneur » GRAS DOUBLE